Résonance - 2010

Résonance
Un chemin émotionnel

Jean-Francois Hugues
Artiste plasticien, 2010

RESUME

« Résonance » est le nom d'une série de toiles commencée en 2009.
Un tableau contient des axes. Au plus basique sont la diagonale montante ou descendante. Ces axes symbolisent, dans cette série, l'évolution de nos émotions. De la petite lumière intérieure à la grande peur, de la fureur intérieure à la grande sagesse, nos émotions sont en constante évolution. J'essaie de les traverser, les toucher, et les traduire.  
 
Keywords: Résonance, émotion, forme, évolution

1.       INTRODUCTION

« Résonance » sont des toiles peintes, écrites en plusieurs langages.
Le plan, la toile, délimite l’espace dans lequel se produit l’évolution. Cet espace nous représente, et, d’une côté à l’autre, j’y vois le cheminement de nos pensées.
La ligne traduit un axe. Cet axe peut être temporel, émotionnel, esthétique. Il traduit ici l’axe de l’évolution d’une émotion. Les lignes sont toutes diagonales. Cette diagonale offre le plus grand potentiel d’évolution. C’est « la forme la plus concise de l’infinité des possibilités de mouvements froids-chauds » [1].
Cinq formes se succèdent. Elles traduisent l’évolution de la … forme. De la forme de notre émotion. Ces 5 formes vont d’un triangle équilatéral pointe en bas, jusqu’à un carré “percé” de lignes courbes, irradiantes.
Les couleurs sont au nombre de plus restreint, noir en fond, évoluant dans des nuages bleus, poussière d’or dans les espaces environnants, symbole de l’espace. Espace au sens propre, de l’infini galactique, mais aussi espace et distance avec le reste. Il s’agit ici d’une vision utopique, qui consiste à isoler une émotion des autres. Ceci afin de la peindre, elle, seule.
Trois couleurs  fondamentales se placent : le bleu, lointain, dans l’espace ; le jaune de l’or, et le rouge des formes rectangulaires ou carrées.

2.     RESONANCE INTERIEURE

Traduire l’évolution d’une pensée, la prise de forme d’une émotion, telle est ma recherche dans cette série.
La première pièce traduit l’évolution d’une forme « extérieure chaotique » vers une forme « intérieure pacifiée ». Je l’ai appelée « Résonance intérieure », qui pourrait être le nom de la série. La série s’appelle en final « Résonance ».
« Résonance intérieur », c’est la représentation de l’évolution d’une émotion forte, perturbatrice, chaotique vers le calme.
Figure 1
Fig. 1.  Figure 1 : Toile “Résonance intérieure”. 2009. Laque et feuille d’or. Format 15F.

3.     LES PIECES DU PUZZLE

En haut à gauche, le motif carré, rouge, bardé de huit signes courbes, au centre trouble représente cette émotion. Elle pourrait être une confusion, une colère… Elle est clairement très « extériorisante », mal contenue, complexe.
Sur la diagonale, descendent, cette forme se transforme. Du carré transpercé de toutes parts par huit courbes complexes, on passe au rectangle dont 3 courbes simples s’échappent d’un côté, puis au rectangle bardé de 3 lignes droites, puis au triangle surplombé d’une ligne droite, puis au triangle simple.
Cette dernière forme représente une forme de sagesse, de calme, d’équilibre interne, de paix. Le triangle équilatéral représente l’équilibre ; le triangle pointe en bas représente l’intériorité.
L’évolution s’est faite dans une succession de formes de surfaces décroissante, qui traduisent la « pacification » de l’émotion, et sa perte de puissance perturbatrice.
Néanmoins, le triangle jaune reste très puissant, le jaune sortant de la toile, et venant vers le spectateur.

4.     AUTRES TOILES DE LA SERIE


4.1.    Le Cri

Cette première toile fut réalisée en même temps que son pendant, appelée « Le Cri ».
Figure 2
Fig. 2.  Figure : 2 Toile “Le Cri”. 2009. Laque et feuille d’or. Format 15F - JF. Hugues.
Il s’agit ici de voir la génération de l’émotion.
Exactement l’inverse de la précédente, on part ici en bas à gauche de l’état de calme intérieur (triangle), puis l’émotion prend de la puissance, et sa forme se complexifie, jusqu’à devenir le carré rouge percé des huit courbes, au centre incertain. Il s’agit ici d’une extériorisation forte, une émotion «prenant » son acteur. Une sorte de « cri ». D’où son nom.
Cependant, « Le Cri » n’est pas forcément un cri de peur… peut-être cela peut être un cri de joie. En fait il s’agit ici de traduire non pas l’émotion exacte, mais l’évolution et la forme de l’émotion. Au delà de « Résonance intérieure » et de « Le Cri », des titres ne peuvent pas donner sens aux émotions décrites, puisque la représentation n’est que le schéma de l’évolution, et c’est au spectateur de plaquer dessus, en quelque sorte, son émotion préférée… Ou celle qui le touche quand il regarde la toile.

4.2.  Toiles suivantes

Pour cette raison, j’ai décidé de ne plus donner de titre « signifiant » aux toiles suivantes.
Elles sont donc nommées « Résonance nn ».
« Résonance 3 » pourrait être nommée « L’angoisse ». Le calme général se noyant dans un chaos interne multiforme. Mais d’autres définitions pourraient convenir.
« Résonance 4 » pourrait symboliser une sorte d’accomplissement, de sérénité tout autant intérieure que extérieure, qui efface l’état initial de chaos. Mais là encore, d’autres interprétations sont possibles. 
 Figure 3                                                                  Figure 4
Fig. 3.  Figure 3 toile “Résonance 3”. 2010. Laque et feuille d’or. Format 15F - JF. Hugues.
Fig. 4.  Figure 4 toile “Résonance 3”. 2010. Laque et feuille d’or. Format 15F - JF. Hugues.

5.     FUTUR

D’un côté ces toiles sont un jeu mathématique de représentation, c’est ce qui est décrit analytiquement ici. Dans ce cadre, un vaste champ d’exploration s’ouvre pour préciser les liens entre formes et émotions, entre directions et évolution, en taille, couleur et force.
Mais à la base, les premières toiles ont été faites à l’opposé de l’analyse faite ici : elles ont été portées par le ressenti, par un besoin. Un besoin impérieux, à un moment, de traduire en peinture ce qui se passait en moi. Et ensuite, j’ai joué le jeu de la systématisation, en explorant les autres axes.
Alors il reste à les regarder, et voir ce qui fait écho en nous.

REFERENCES

[1]               Wassily Kandinsky, « Point et ligne sur plan. Contribution à l’analyse des éléments de la peinture ».